Dans la cadre de l’émission Première loge à Radio Ville-Marie du 21 mai 2015, un programme double de films sur l’art vous est recommandé: Le sel de la terre et L’œuvre des jours
AU CINÉMA BEAUBIEN ET EXCENTRIS:
Un film incontournable que Le sel de la terre réalisé par deux cinéastes, soit le réputé cinéaste Wim Wenders, admirateur du photographe, qui nous a donné Les ailes du désir et Paris, Texas et Juliano-Ribeiro Salgado, fils du célèbre photographe Sébastian Salgado, dont on fait le portrait dans ce film, fruit d’une collaboration entre le Brésil, la France et l’Italie.
Rappelons que ce film a reçu trois prix à Cannes, dont un césar pour le meilleur documentaire et qu’il a été en nomination pour l’oscar du meilleur documentaire 2015 et avec raison!
Le film présente l’œuvre photographique de Sébastian Salgado, étonnamment formé en économie, d’une quarantaine d’années et qu’il a réalisé aux quatre coins du monde. Un film qui a ceci d’original, que le parcours du photographe est présenté en grande partie par le photographe lui-même. Aucun spécialiste invité, aucune dissertation sur l’œuvre. Les photos suffisent!
Le film se divise en deux parties. Il est d’abord question de ses photos de guerre, d’exils, de catastrophes écologiques, comme celle qui a eu lieu au Koweit. Des photos parfois difficiles à soutenir. L’ancien jardin royal avec ses animaux fous et sa végétation imprégnés de pétrole, me restent en tête. De par sa formation d’économiste, le photographe s’intéresse au travail et au labeur humain. Ses photos de mines d’or au Brésil sont exceptionnelles et tiennent de la peinture ancienne.
La seconde partie du film redonne de l’espoir et arrive après une période de découragement du photographe. Il nous présente alors un corpus de photos qui redécouvre la nature et ses splendeurs. Dans la série de photos Génésis, le photographe part à la recherche de paradis originels.
Le photographe en vient à se transformer en mécène au moment de la mort de son père très âgé qui rêvait de nature généreuse, telle que celle qu’il y avait sur le terrain de la ferme familiale du temps de l’enfance de Salgado. Il rentre au Brésil et forme un groupe de travailleurs pour replanter le terrain désséché. Il accomplit cette mission avec succès pour honorer la mémoire et la volonté de son père. Il redonnera place à la nature, à ce point que ce lieu deviendra un parc national( Institut Terra).
Un films monumental à voir sur un photographe passionné qui s’est consacré avant tout à une démarche de sensibilisation aux problèmes sociaux et catastrophes écologiques par la photo. Un film dont la facture est réussie, car la vision poétique du cinéaste Win Wenders, se greffe harmonieusement à l’œil inspiré du photographe.
AU CINÉMA EXCENTRIS RÉCEMMENT/SORTIE VIDÉO ESPÉRÉE:
Aux antipodes du film sur le photographe Salgado aux larges horizons, celui du cinéaste Bruno Baillargeon qui nous propose une immersion dans l’atelier de trois artistes de renom et amis de longue date: François-Xavier Marange, Denis St-Pierre et Louis-Pierre Bougie. Un film d’intérêt au rythme lent qui nous transporte dans un certain état de méditation poétique.
Voilà un film d’observation d’un lieu clos qui s’adresse et comblera les personnes intéressées par les arts visuels, en plus de nous permettre d’accompagner ces artistes dans leur processus créatif et leurs préoccupations au quotidien. On pénètre dans leur atelier et toute leur intimité. J’ai été ravie de redécouvrir cet atelier que j’avais déjà visité et surtout qu’on s’intéresse de près à la technique exigeante de la gravure, insuffisamment reconnue, voire menacée actuellement. Un bel hommage donc rendu à la gravure.
Dans la dernière partie, le film vers un fin émouvante, alors qu’on accompagne François-Xavier Marange les derniers temps avant sa mort. En réponse à une question, le cinéaste a expliqué qu’il a voulu faire ce film au départ pour rendre hommage aux artistes affectés par le décès imminent d’une des leurs, François-Xavier Marange.
Mentionnons que le film a été honoré du Prix du jury étudiant pour le meilleur film lors de sa présentation au RIDM en novembre 2014 et qu’il a aussi été présenté aux derniers Rendez-Vous du cinéma québécois et au Festival du cinéma Reel à Paris.
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